INTERVIEW CROISÉE
CYRIELLE HARDY
Après une licence et un master RH réalisés en alternance dans des environnements exigeants comme le secteur bancaire et l’industrie, j’ai rapidement su que l’univers industriel était celui dans lequel je me projetais le plus. Je suis arrivée chez Arvitis en janvier 2018 pour une création de poste et j’accompagne le groupe sur l’ensemble des sujets RH pour le pôle Champagne. Les défis sont nombreux et mes journées ne se ressemblent pas.
ALBAN THIEFIN
Je suis arrivé chez Arvitis il y a une vingtaine d’années. J’ai commencé en tant qu’apprenti avant de devenir technicien de maintenance, puis adjoint et Responsable maintenance.
Arvitis réunit des métiers très différents avec des équipes viticoles, de production, administratives, commerciales, oenotouristiques … qui du coup sont exposées à des risques professionnels très variables. Les sites de production présentant les risques les plus importants sont, depuis plusieurs années, engagés dans une démarche santé et sécurité portée par des responsables QHSE et RH particulièrement investies. Pour illustrer cet engagement, l’interview croisée entre Cyrielle Hardy et Alban Thiéfin met ici en lumière les actions concrètes déployées sur le site de production et la cuverie, ainsi que les défis à relever en matière de prévention et sécurité.
1 – Quand on parle de “santé et sécurité au travail”, à quoi pensez-vous en premier ?
C.H : Ces deux notions sont transversales. Elles touchent à l’intégration, la formation, l’organisation du travail et plus largement à la qualité de vie au travail. C’est aussi un sujet sur lequel on ne peut pas avancer seul : il faut croiser les regards, partager les retours terrain et progresser ensemble. L’entreprise crée le cadre mais c’est l’implication individuelle qui fait la différence au quotidien.
Par ailleurs, la santé et la sécurité s’inscrivent dans un cadre légal strict défini par le Code du travail et qui prend en considération aussi bien la santé physique que la santé mentale des collaborateurs. L’employeur a une obligation de prévention. Le CSE joue un rôle de vigilance et de relais sur ces sujets. Certains sont d’ailleurs au cœur de cette démarche comme les troubles musculo-squelettiques (TMS), la mise à jour régulière du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) ou encore la prévention des risques psychosociaux (RPS).
A.T : Je pense instinctivement à une phrase que mon père répétait souvent : “Repars de la même façon que t’es arrivé” – sous-entendu avec tous tes membres et tous tes doigts. Tous les jours, je me rappelle d’être prudent.
Même si parfois nous avons des impératifs de productivité plus importants, on fait tout pour ne pas être dans l’urgence, éviter de se dépêcher. Notre philosophie, c’est qu’il vaut mieux perdre 10 minutes de production et prendre un engin pour monter une charge que de se faire mal au dos en utilisant sa force. Nous sommes convaincus qu’en garantissant la santé et la sécurité des équipes, on est plus productifs sur le long terme.
2 – Quels sont les indicateurs qui permettent de suivre une bonne santé et sécurité des travailleurs ?
C.H : En tant que RH, je suis attentive à plusieurs signaux même si tout ne passe pas forcément par des indicateurs chiffrés.
Les échanges réguliers avec les managers, les remontées du terrain, les entretiens annuels, les taux d’absentéisme ou encore les déclarations d’accidents du travail sont autant d’éléments qui nous permettent d’identifier les zones de vigilance.
Concernant les risques psychosociaux, c’est souvent à travers l’écoute, la régularité des échanges et l’attention portée aux signaux qu’on peut agir en amont.
A.T : Le taux de production annuel, l’absentéisme et les arrêts de travail donnent des repères clefs sur l’état de santé général des collaborateurs.
3 – Quelles initiatives déjà mises en place visent à améliorer ces indicateurs ?
C.H : Nous travaillons actuellement à la mise en place d’un accueil QHSE dédié et à l’intensification des formations aux postes de travail : SST, habilitations électriques, incendie, etc.
La révision du DUERP demeure par ailleurs un axe de travail permanent.
Au-delà du cadre réglementaire, notre objectif est aussi de favoriser un climat de confiance, propice à la remontée des situations à risque. Cela s’inscrit dans le changement de culture engagé depuis maintenant trois ans : faire de la sécurité l’affaire de tous, au quotidien.
A.T : Des zones piétonnes et des barrières ont été installées, les consignes sur les machines qui présentent un danger ont été multipliées, pareil pour les formations et les affichages.
Quand les normes changent (sur l’utilisation d’une machine, par exemple), c’est l’occasion de rebousculer nos habitudes et d’améliorer la prévention du risque.
4 – Qu’est-ce qu’il reste à faire ? Quelles sont les priorités pour l’avenir ?
CH : Il reste encore des axes à structurer. Au-delà de la mise en place d’un accueil QHSE, l’enjeu est désormais de le faire vivre en l’adaptant aux besoins identifiés et aux retours du terrain. Il s’agit aussi de mieux cadrer les formations en lien avec les postes sans alourdir le dispositif, mais avec plus de clarté. Enfin, il y a également la prévention du harcèlement et des risques psychosociaux qui restent des sujets essentiels.
AT : Continuer à former, informer et mettre les moyens financiers quand il le faut. Par exemple, nous allons bientôt renouveler le parc d’échafaudages.
C’est en bonne voie !